Tuesday, January 31, 2012

Le centre ne tient pas.

Turning and turning in the widening gyre
The falcon cannot hear the falconer;
Things fall apart; the centre cannot hold;
Mere anarchy is loosed upon the world,
The blood-dimmed tide is loosed, and everywhere
The ceremony of innocence is drowned;
The best lack all conviction, while the worst
Are full of passionate intensity.

                                       - Yeats, the Second Coming


Dans le récent débat à Tout le monde en parle, une fausse émission d'affaires publiques qui verse dans les faits divers et le show-bizz autant que les autres talks-shows ennuyeux, on nous a présenté un gros débat, mettant en vedette le pugiliste de «gauche», Jean-François Lisée, contre le champion de la droite, Éric Duhaime.

Curieux que la rixe ne présentait pas Amir Khadir face au gourou des larbins.


Non.

Car s'il y a quelque chose à retenir des propos de Noam Chomsky tenus dans Manufacturing Consent de l'ONF, c'est que les médias influencent la politique en définissant le débat, en choisissant la façon de l'encadrer, en posant des étiquettes comme ils l'entendent.

Peu importe que Éric Duhaime soit un extrémiste dérangé, qui voit des complots islamo-communistes partout, disciple de Pinochet (qui, lui, n'était pas un politicien guidoune en quête de votes et qui pouvait faire les réformes qui s'imposent!): les médias en ont fait un représentant de la droite. Québécor, je comprends, mais SRC, c'est le bout de la m... de présenter Duhaime comme un «modéré». Lui qui prétendait que «dire que le Québec est trop à gauche est un euphémisme», alors que le seul parti gauchiste n'a qu'un seul député et un pourcentage ridicule de votes, le Québec étant dominé par de la droite opportuniste (CAQ, PQ, PLQ confondus...) qui copine avec le patronat.


Jean-François Lisée. J'avoue que j'apprécie son point de vue et je m'aligne souvent sur les mêmes idées, mais c'est loin d'être un gauchiste du genre Québec Solidaire. Sa présence, outre pour promouvoir la vente de ses livres, sert surtout à définir la «gauche» comme étant des partisans de la sociale-démocratie. Les autres tendances de la gauche sont tout simplement invisibles, donc pour le public mal informé, inexistantes. Cachez ce Khadir qu'on ne saurait voir.


Le résultat c'est qu'on présente un débat «gauche-droite» dans lequel la gauche est constituée d'un gars plutôt centre-gauche, qui est confronté à un larbin d'extrême-droite qui tient étrangement un discours plus édulcoré que d'habitude... question de faire mieux passer la propagande du 1%. Ce qui signifie que le «centre« de l'axe politique de ce débat, à mi-chemin entre les deux, n'est pas le centre, mais le centre-droit. Les médias font ainsi basculer subtilement l'opinion publique vers la droite en décalant le centre vers cette même direction. They are manufacturing consent.


Bref, suite à ce débat, la balance penche un peu plus à droite.

Le centre ne tient pas.