Saturday, December 24, 2011

Le pillage de Nathalie




Récemment, la jeune lectrice Mélissa François a commis une légère erreur en nommant le défunt dictateur Kim Jong-Il par l'expression erronée «Kim Jong Deux». Erreur d'inattention qui, en bout de ligne, est un peu vraie, considérant que le pays du matin tranquille est une anomalie politique qui combine à la fois le communisme, militarisme et ce qu'on peut qualifier de monarchie héréditaire: Kim Jong-Il est de facto le second souverain d'une dynastie coréenne, donc le recours au titre Kim-Jong II fait parfaitement du sens (même si la lectrice a fait cette observation par accident). De l'erreur de Mélissa François, on a bien rit. La crédibilité de TVA en a pris un coup...

…mais vraiment?


TVA n'a aucune crédibilité.

C'est une chaîne de publi-reportages pour Québécor.
C'est l'aile médiatique de la droite, conservatrice autant que caquiste.

Le fait qu'une lectrice puisse faire une erreur rappelle qu'il y a encore des humains qui travaille à Télé-Métropole. Le réel manque de crédibilité de Québécor et de ses chaînes télévisées reposent sur la médiocrité préméditée de certains animateurs (si vous avez besoin d'une personne à qui mettre le chapeau, la tête écervelée de Richard Martineau convient). Que la chaîne TVA sanctionne l'animatrice pour un petit lapsus semble excessif, surtout que l'ensemble de lecteurs des nouvelles ont fait, au cours de leurs carrières, quelques gaffes et dérapages («Banane et messieurs bonsoir» de Simon Durivage), et que le clip peut servir à un spécial de bloopers.

Si des purges sont nécessaires pour améliorer la qualité du contenu chez Québécor, elles ne doivent pas être effectuées chez les jeunes animateurs, inexpérimentés, mais chez ceux qui sont foncièrement incompétents. Et dans l'empire convergent de Québécor, la chronique de Nathalie Elgrably-Lévy au Journal de Montréal se démarque comme étant partculièrement minable. Elle gagne haut la main la palme d'or(dure) et il serait souhaitable que PKP convertisse cette chronique en espace publicitaire pour améliorer la qualité du journal.

Avant de continuer mon attaque, j'aimerais spécifier que la qualité d'un texte d'une chronique n'est pas basée sur le fait que je partage l'opinion l'auteur: par exemple, si je déteste les opinions conservatrices de Mathieu Bock-Côté, je reconnais qu'il écrit bien (sauf quand il plagie la ligne éditoriale de Fox News) et que des fois, rarement, certaines opinions émises sont correctes – je dissocie la Raison de mes sentiments personnels. Toutefois, il n'y a rien pour sauver Nathalie Elgrably-Lévy, aucun moment de grâce: toutes ces chroniques sont, sans exception, un amas incohérent de conneries, mal écrites, et je ne peux croire qu'on coupe des arbres pour ça.

À titre démonstratif, le 22 décembre 2012, Elgrably-Lévy a publié l'article «Qui a volé Noël?».


Titre déjà pas très original considérant que Mathieu Bock-Côté réutilise des variantes de celui-ci pour étendre au Québec l'hystérie collective lancée par Fox News sous l'expression «the War on Christmas». Mais bon, un article n'est pas qu'un titre (quoique les gens de la droite ont tendance à ne lire que les gros titres) et le plus mauvais reste à venir.

«J'ignore s'il s'agit du fruit de mon imagination, mais j'ai l'impression que la traditionnelle atmosphère des Fêtes disparaît progressivement. J'ai la nostalgie du «bon vieux temps», où l'hyperdécoration et l'omniprésence des chants festifs égayaient les commerces, les restaurants et les rues. »

Nathalie Elgrably-Lévy a effectivement beaucoup d'imagination (qui donne des fruits de mauvais goûts). Simple constat, la magie de Noël, c'est d'abord destiné aux enfants, et si celle-ci disparaît progressivement, c'est peut-être signe qu'une personne prend un peu de maturité.


«Qui donc a volé Noël?»

À ce que je sache, Noël est le 25 décembre. L'article a été écrit le 22 décembre. Est-ce que Nathalie a de puissants dons prémonitoires permettant de savoir que Noël sera volé?

«Certains incriminent le multiculturalisme, car à force de vouloir ménager les susceptibilités de l'autre, on en viendrait à s'oublier soi-même. C'est possible, mais cette explication est insuffisante.»

À la base, Noël est multiculturel, une combinaison d'anciennes fêtes païennnes (culte de Mithra, Saturne, Odin, Baldr, etc.) et de symboles récupérés par l'Église catholique qui, ne pouvant pas éliminer les célébrations autour du solstice d'hiver, a décidé de s'imposer dans cette fête et l'a associé à la naissance du Christ. Jésus, dans les célébrations de Noël, n'est pas un élément central, mais un éternel intrus. La greffe n'a jamais eu beaucoup de succès: l'ambiance de carnaval des célébrations de décembre a toujours eu le dessus sur l'austère messe de minuit, véritable «casseuse de party». Même aujourd'hui, cette fête est davantage associé au Père Noël, ses lutins et ses rennes, tous des personnages qui ne figurent pas de la Bible, tout comme la fête de Pâques, un autre événement que l'Église a tenté de voler, est surtout populaire pour les lapins et les oeufs (symboles païens de fertilité) en chocolat (un gros merci au lobby du sucre) qu'à la sanglante crucifixion et de la résurrection de «Zombie Jesus».

«Il suffit de consulter n'importe quel livre d'histoire pour noter que le rejet de la religion n'est pas un phénomène récent.

Il remonte à la Révolution tranquille et à la naissance du «modèle québécois» fondé sur l'intervention de l'État.»

Ouf. Nathalie s'amuse à jouer les Dan Brown. Et il n'y a d'amusant que le ridicule de ses propos. Nathalie lit surtout des livres d'histoires et non d'Histoire. Si elle faisait un peu de recherche au lieu de lire «n'importe quel livre d'histoire» (j'aimerais un bibliographie de les livres qu'elles consulte, question de savoir s'ils se limitent à Wikipedia et à Martine à la plage), elle se rendrait compte que le rejet de l'Église catholique remonte à bien plus longtemps. En 1792, la Révolution française a séparé l'Église de l'État, et ce bien avant la Révolution tranquille et l'État-providence au Québec. Cette révolution est née de l'esprit des Lumières, les grands penseurs du 18e siècle, eux-mêmes inspirés des humanistes des siècles précédents.

Avant la Révolution française, les Pères fondateurs des États-Unis ont créé un État laïc, où Juifs et Chrétiens pouvaient vivre ensembles: si la constitution américaine mentionne «God», elle ne spécifie jamais qu'il s'agit d'un dieu chrétien, parce que les signataires de cette constitution étaient pour la plupart des francs-maçons et déistes qui ne voulaient importer chez eux les débiles Guerres de Religions. Après tout, si l'État a une religion officielle, ne pas la partager est l'équivalent de la trahison; inversement, la dissidence politique devient automatiquement une trahison religion. Pour éviter que les États-Unis deviennent le même genre de merdier qu'était l'Europe au moment de la rédaction de la constitution, les Pères fondateurs ont eu la bienveillance de mettre un mur de séparation entre l'Église et l'État, reléguant ainsi la religion à la sphère privée de la vie d'une personne. Ce mur de séparation a par la suite été érodé par des chrétiens, dont certains – les adeptes du Dominion Theology – souhaitent l'avènement d'une théocratie américaine.

Bref, Nathalie Elgrably-Lévy devrait retourner à l'école pour prendre quelques cours d'Histoire avant de se prendre pour Holmes.

«L'ascension de l'État-providence et la chute de l'Église se sont produites simultanément. Simple coïncidence?»

Encore une fois, j'invite Nathalie a retourner sur les bancs d'écoles avant de dire des sottises. Les ancêtres des Québécois sont arrivés en Nouvelle-France au XVIIe, à une époque où en France s'imposa le modèle de la monarchie absolue, assez interventionniste, même au sein de l'Église catholique (gallicanisme); les ancêtres des Américains sont arrivés à une époque où en Angleterre, les troubles religieux prédominaient et où le Parlement cherchaient à s'imposer sur le gouvernement royal. Le gouvernement français connu une longue période de stabilité sous le règne de Louis XIV, et à cause de ceci, la colonie de la Nouvelle-France fut davantage encadrée par le pouvoir; le gouvernement anglais connu une longue période d'instabilité, avec des régimes divers (le Commonwealth de Cromwell, la tentative d'absolutisme des Stuarts, l'invasion hollandaise invitée par le Parlement), laissant aux colonies américaines beaucoup plus d'autonomie parce qu'elles étaient souvent laissées à elles-mêmes. Après la Conquête, le Québec s'est vu «décapité» de son élite politique, qui fut rapidement remplacée par celle de l'armée britannique et des grands commerçants anglais et écossais. L'Église catholique, autrefois soumis à l'État français (gallicanisme), se trouva soudainement orpheline et puis même ostracisée par le nouveau régime via le Serment du test (tout employé de l'État devait jurer loyauté au protestantisme, l'Anglicanisme étant la nouvelle religion officielle). L'Église catholique, gallicane, se trouva bien confuse, incapable de servir le nouveau roi de la même manière qu'elle l'avait fait pour celui de France.

Après quelques générations, une nouvelle élite est apparue au Québec, formée de gens issus des professions libérales (vu que le commerce était interdit aux Canadiens-français); ces avocats, notaires et médecins, avec l'aide de sympathisants anglais et irlandais, prirent les armes contre l'Establishment colonial en 1837, mais les succès furent de courte durée, et les leaders furent pendus ou exilés. Après l'échec de la révolte des Patriotes, le Québec se trouva à nouveau «décapité» de son élite. La nature ayant horreur du vide, l'Église catholique s'imposa alors comme troisième élite. Auparavant gallicane, l'Église était devenue ultramontaine (si on résume très rapidement, chez les ultramontains, la loyauté du clergé va au pape et non au roi de France). C'est à partir de 1840 que l'Église catholique commença à jouer un rôle de plus en plus important dans la société canadienne-française. Elle occupera une place privilégiée pendant un siècle, et imposera le même genre de paternalisme à la population du Québec que l'ont fait le régime absolutiste de la Nouvelle-France et le gouvernement colonial anglais. L'intervention des institutions – l'État – dans la vie des gens ne date pas de 1960!

Comme aime ou on déteste l'Église catholique (je suis dans la seconde catégorie), il faut reconnaître que cet institution a construit de nombreux filets sociaux pour légitimer son existence auprès de la population et pour infiltrer toutes les sphères de la société: charités, éducation, santé, etc. À partir des années 60, l'Église catholique a perdu la faveur de la population. Il semble que si l'omniprésence est symbole de triomphe, cet omniprésence dilue aussi le pouvoir de la «marque». Les nombreuses institutions créées par l'Église ne pouvant être abandonnées, elles ont été récupérées par le gouvernement provincial, créant ainsi un État-providence. Il n'y a donc pas de grande conspiration ou autre idée simpliste du genre.

«L'État-providence peut prendre plusieurs formes qui vont des plus autoritaires, comme le communisme et le socialisme, au plus soft comme la social-démocratie. Or, la logique collectiviste bannit la religion. Karl Marx disait d'ailleurs: «Le communisme commence là où l'athéisme commence». Quant à Lénine, sa lutte antireligieuse est notoire. Dans les républiques soviétiques et dans les pays communistes, les hommes en soutane étaient persécutés et emprisonnés, l'enseignement de la religion était interdit, et les fidèles pratiquaient leur culte clandestinement. Pas plus tard que lundi, le gouvernement chinois a réitéré la nécessité d'être athée pour adhérer au Parti communiste.»

Ici, on voit clairement que Nathalie Elgrably-Lévy a besoin de retourner au cégep faire un cours de science politique. Par État-providence, Nathalie veut en fait parler de la gauche. Et à y penser, où est rendu son sujet de départ, Noël? On le constate, cet article n'a rien à voir avec Noël, mais est encore du «bashing» contre la gauche de la part de la chroniqueuse, la même dinde, mais servit cette fois-ci avec un très mince filet de sauce aux canneberges pour s'accomoder aux temps des fêtes.

Gauche et État-providence ne sont pas synonymes, et la présence d'institutions omniprésentes comme l'Église catholique durant l'ère Duplessis montre que les tentations du totalitarisme existent aussi à droite. La gauche peut prendre plusieurs formes, des plus autoritaires comme le communisme (économie planifié) au plus soft, comme la sociale-démocratie (économie mixte, intervention de l'État dans quelques secteurs «pivots» combiné à la libre-entreprise).

Communisme et athéisme ne sont pas synonymes. La très cinglée Ayn Rand (La révolte d'Atlas), pour qui l'individualisme est au-dessus de tout (comme le propose Aleister Crowley...), était partisane de l'athéisme et profondément anti-religieuse (preuve qu'une montre brisée peut donner l'heure juste une fois par jour, mais qui veut d'une montre brisée?). Si Ayn Rand connaît aujourd'hui un léger regain de popularité chez la droite, cette droite semble continuellement occulter l'athéisme de l'écrivaine, faisant ainsi du cherry-picking idéologique.

L'athéisme de libre-penseur et l'athéisme des communistes ne sont pas synonymes. Les deux partagent un paradigme qui exclu l'existence du métaphysique et de celle d'un dieu omnipotent, mais le premier est un refus d'adhérer au dogme, tandis que le second cherche à se substituer au dogme chrétien, devenant une «religion athée» plutôt que du réel athéisme. Le Parti remplace le clergé, le Livre Rouge se substitue à la Bible, la partisanerie remplace le dogme, Staline devient le nouveau Jésus... mais la structure de pensée religieuse reste, seules les étiquettes ont été changé. L'athéisme des communistes est une fause représentation. Bref, on peut être athée et être anti-communiste, comme c'est le cas d'Ayn Rand, ou le mien, et je crois que Nathalie Elgrably-Lévy mêle les cartes pour confondre le public, ou bien elle est elle-même mêlée et confuse.


«Cette haine envers la religion n'est pas surprenante. Dans la pensée collectiviste, l'État est une entité supérieure, omnisciente et omnipotente, une sorte de déité. Dans ce type de régime, mais aussi de plus en plus au Québec, ce sont des fonctionnaires qui décident d'une multitude d'aspects du quotidien et qui tentent d'influencer nos décisions. Quel moyen de transport emprunter, quel véhicule conduire, quels pneus installer, quoi manger, combien d'enfants avoir, dans quelle école les inscrire et quoi leur enseigner, quels produits acheter, quelle musique écouter, etc. : ils veulent tout contrôler!»

Je pense que Nathalie a écouté un peu trop 1984 avant d'aller se coucher, et qu'elle a saisit la forme mais sans en comprendre la substance. L'État, quand il est soumis au vote démocratique, est un objet appartenant à la population: les élus sont responsables envers les électeurs, et ils sont imputables – s'ils ne font pas un travail adéquat, ils sont congédiés aux élections suivants. L'État québécois repose sur un système démocratique: 1 personne, 1 vote. Rien n'est parfait, mais au moins 99% des gens possèdent 99% des votes. Quand on vote, on fait des choix de société, et la majorité qui l'emporte prend des décisions qui souvent déplaisent à la minorité: jusqu'à un certain point, c'est normal, on ne peut faire plaisir à tout le monde. Dans un monde où le privé contrôlerait tout, et c'est le rêve des néolibéraux, 1% des gens posséderaient 99% des «votes», et ce seraient eux qui dicteraient quel moyen de transport emprunter, quel véhicule conduire, quels pneus installer, quoi manger, combien d'enfants avoir, dans quelle école les inscrire et quoi leur enseigner, quels produits acheter, quelle musique écouter... la droite religieuse et les plus nantis du secteurs privé veulent tout contrôler, et ça Nathalie ne le semble pas le remarquer (probablement parce que ce sont les gens du 1% qui signent son chèque de paie).

Mais, bon, le texte de la chronique est encore hors-sujet. Où est rendu Noël? À la place, on a encore un discours recyclé sur la liberté individuelle, un délire d'adolescent attardé qui ne comprend pas que la liberté doit être équilibrée de responsabilité individuelles et collectives vues que nos actions ont des conséquences sur la vie des autres: la limite de 0.08 restreint peut-être la liberté d'utiliser sa voiture quand on est saoul, mais protège les autres personnes. Souvent nos actions ont des répercussions – externalités – que nous n'assumons pas entièrement et ce sont les autres qui en paient le prix. Vous avez des gaz suite à un réveillon: allez-vous vous soulager immédiatement en flatulant dans la pièce et en empestant toute la parenté, ou allez-vous vous plier aux attentes sociales et vous déplacer vers la salle de bain, où l'odeur pourra par la suite être camouflée en brûlant une allumette? Vous arrivez à l'épicerie et vous voulez payer: allez-vous vous mettre en ligne et attendre votre tour, ou allez-vous agir en imbécile en bousculant tout le monde pour prendre la première place?

Vivre en société comporte certaines règles, et ces règles offrent des avantages collectifs. La question est de savoir qui fixe les règles: 99% des électeurs ou 1% des plus riches?

«Autrefois, les hommes de foi dictaient les comportements au nom du salut de l'âme. Aujourd'hui, les hommes d'État veulent imposer un mode de vie au nom du bien commun et du progrès. Tant que la religion est présente, les directives de l'État passent après celles de Dieu. L'idéologie collectiviste, sous toutes ses formes, est donc incompatible avec sa grande rivale, la religion. L'athéisme devient alors nécessaire à sa survie.»

Au risque de me répéter, le dogme des communistes et l'athéisme des libre-penseurs sont mutuellement incompatibles. Le genre d'«athéisme» que les régimes totalitaires cherchent à promouvoir ne sont que des lignes partisanes souvent imprégnées d'idées fortement anti-scientifiques. L'idéologie collectiviste du gouvernement chinois est une religion déguisée, pas de l'athéisme proprement dit. Et simple rappel, l'athéisme d'Ayn Rand est individualiste et anti-collectiviste.

«Comprenons-nous bien : imposer une foi est tout aussi condamnable que de forcer l'athéisme. Dans une société réellement libre, croyants et athées peuvent vivre selon leurs convictions, car personne ne peut imposer à l'autre sa vision du monde. Mais qui dit collectivisme et État-providence dit nécessairement limitation des libertés individuelles, y compris de la liberté de religion.»

Comprenons-nous bien: la liberté de conscience (freedom from religion) est plus importante que la liberté de religion (freedom of religion). La liberté de religion permet à une personne le droit de s'exclure de certains privilèges, comme celui manger du porc. La liberté de religion ne doit pas avoir le droit d'imposer cette restriction aux autres. J'aime manger du bacon et ce ne sont pas les lobbys juifs et musulmans qui vont me l'interdire, bien que j'accepte que les gens de ces religions refusent d'en manger (ça fait plus de bacon pour moi). La liberté de religion permet de renoncer à certains privilèges, mais pas à certains droits: au Québec, hommes et femmes sont égaux devant la loi, la Charte des droits et libertés doit s'imposer à tous, et la pratique de la Charia n'est pas admissible. Imposer la laïcité et le mieux-être collectif n'est pas la même chose que de forcer l'athéisme. La sphère publique ne doit pas privilégier une religion par rapport aux autres, ni même l'athéisme par rapport aux religions. Et ça, Nathalie ne le comprend clairement pas.

«Alors si, comme moi, vous vous interrogez sur l'effritement de l'ambiance de Noël, dites-vous bien que notre État-nounou y est pour quelque chose. La Révolution tranquille a déclaré la guerre à la religion. Aujourd'hui, nos élus s'attaquent également aux traditions. Quel héritage le Québec laissera-t-il donc à la prochaine génération?»

Après divaguer dans le hors-sujet et le recyclage de ses idées habituelles commanditées par les frères Koch, Nathalie Elgrably-Lévy ramènent (superficiellement) la thématique de Noël. S'il y a un effritement de l'ambiance de Noël, c'est peut-être parce que les gens de l'extrême-droite tentent de politiser l'événement, de faire peur, le tout afin de consolider la base électorale conservatrice et vendre les torchons qu'ils publient, en copiant Fox News pour être certain de faire le moins d'efforts possibles. La Révolution tranquille n'a ramassé que les miettes de l'Église catholique au moment où la population se rendit compte que l'impressionnant arbre était pourri de l'intérieur et que l'omniprésence de l'Église minait la liberté de conscience. Aujourd'hui, les traditions sont remises en question, simple résultat d'une société qui ne stagne pas culturellement. Certaines traditions s'ajoutent (e.g.: le sapin de Noël provient des immigrants allemands), d'autres disparaissent (e.g.: le Père Noël a remplacé Saint Nicholas dans plusieurs pays), certaines s'éclipsent (e.g.: la messe de minuit) et quelques unes seraient intéressantes à importer (comme le Père Fouettard des Alsaciens, qui punit les enfants qui ne sont pas sages). Noël n'est pas fêté de la même manière par chaque génération et ce serait un désastre de verser dans l'intégrisme quand il s'agit de fêter en famille. Noël est une fête dont la façon de célébrer appartient à la sphère de la vie privée. Bien que je suis athée et anti-catholique, je suis entièrement d'accord avec l'abbé Raymond Gravel quand celui dit:

«À moins d'être un intégriste qui souffre d'intolérance aiguë ou encore d'un ignare qui ne connaît rien de son histoire, il me semble que Noël peut et doit être célébrée par tous ceux et toutes celles qui continuent de croire qu'on peut se rassembler pour partager notre culture et nos richesses, pour s'aimer malgré nos différences, pour préserver notre dignité humaine et pour espérer un monde meilleur. Ainsi, la fête de Noël sera, pour les uns, la naissance de la lumière, et pour les autres, la naissance du Christ ressuscité.»

(«Une fête pour tous!» Raymond Gravel, La Presse, 24 décembre 2011)

Noël m'appartient en tant que citoyen. Je n'ai pas besoin de me faire dire comment célébrer cette fête par Saint-PKP, la vierge offensée Nathalie Elgrably-Lévy et les Trois (Dom-)Mages que sont Duhaime, Martineau et Bock-Côté, les bergers de TVA et leurs moutons.


* * *
Sur ce, je vous souhaite un joyeux Noël et une bonne année.

Je souhaite que Mélissa François se retrouve un emploi comme lectrice de nouvelles et qu'elle puisse travailler avec des patrons qui sont aussi humains qu'elle. J'avoue avoir rit d'elle, mais une blague, ça fini par passer, et on ne ruine pas la carrière de quelqu'un pour un simple égarement linguistique.

J'espère aussi que si l'année 2012 s'annonce pour en être une de coupures pour Québécor, que le couperet tombe sur Nathalie Elgrably-Lévy pour que celle-ci puisse prendre du recul et retourner faire des études afin de savoir de quoi elle parle quand elle aborde des sujets comme l'Histoire et la Science politique. Et peut-être avec sa chronique en moins, on sauvera quelques arbres qu'on pourra décorer pour le prochain Noël...